L’Africa CEO Forum 2025 s’est tenu à Abidjan les 12 et 13 mai 2025, réunissant un nombre record d’acteurs économiques et politiques du continent. Plus de 2 000 dirigeants d’entreprise, investisseurs et décideurs publics venant de 75 pays se sont rassemblés autour du thème ambitieux : « Un New Deal public-privé peut-il rebattre les cartes en faveur du continent ? ».
Ce thème reflète la volonté de renforcer la collaboration entre les gouvernements et le secteur privé afin de stimuler le développement durable de l’Afrique.
Le forum intervient dans un contexte mondial difficile, marqué par la montée du protectionnisme, le recul de l’aide au développement et des coûts d’endettement élevés. Face à ces défis, les dirigeants africains voient dans le secteur privé un moteur essentiel pour innover et financer la croissance du continent. « Le contexte transactionnel actuel impose à l’Afrique de lever enfin les freins qui entravent encore son secteur privé… le secteur privé est le meilleur atout économique du continent », a déclaré Amir Ben Yahmed, président de l’Africa CEO Forum, soulignant la nécessité de ce « New Deal » pour libérer l’initiative privée.
PORTEO, fort de son capital 100 % africain et de sa chaîne logistique intégrée, a pris part à ces échanges avec l’ambition d’affirmer son rôle de champion panafricain. Notre présence à cet événement s’inscrit dans la continuité des Spring Meetings de Washington, où nous avons défendu l’idée que l’Afrique doit maîtriser ses infrastructures stratégiques pour se développer de manière autonome et durable.

Grandes tendances de discussion
Plusieurs tendances majeures ont émergé des débats et panels de haut niveau durant ces deux jours.
D’abord, le partenariat public-privé renforcé (PPP) a été au cœur des discussions. De nombreux intervenants ont insisté sur l’urgence de repenser la relation État-secteur privé pour accélérer la transformation économique africaine.
Les chefs d’État présents – dont Alassane Ouattara (Côte d’Ivoire), Cyril Ramaphosa (Afrique du Sud), Paul Kagame (Rwanda) et Mohamed Ould Ghazouani (Mauritanie) – ont unanimement plaidé pour une meilleure synergie.
« Les gouvernements et le secteur privé doivent travailler ensemble. Les projets d’infrastructures sont importants pour le public comme le privé… Nous pouvons faire en sorte que les deux secteurs marchent ensemble », a affirmé le président sud-africain Cyril Ramaphosa en soulignant le rôle clé des investissements communs.
Son homologue rwandais Paul Kagame a abondé dans ce sens, tout en appelant les pays africains à plus d’auto-dépendance :« Le continent est en train de faire des progrès. Mais on peut faire plus… Nous n’avons besoin que de nous organiser et de privilégier ce que nous pouvons faire par nous-mêmes ». Cette volonté de prendre en main le destin économique du continent s’est reflétée tout au long du forum.

Ensuite, la gouvernance et les politiques publiques ont été identifiées comme des leviers critiques.
L’amélioration de la transparence, de l’efficacité de l’administration et de la stabilité réglementaire est jugée indispensable pour créer un climat d’affaires favorable. Des officiels ont souligné que des États performants et stratèges permettent au secteur privé d’aller plus loin. Par exemple, Christel Heydemann, directrice générale d’Orange, a fait valoir que des gouvernements plus efficaces – avec des politiques ambitieuses visant à créer des champions nationaux – donneront aux entreprises africaines les moyens de se développer davantage.
L’accent a également été mis sur la nécessaire intégration économique régionale. L’accélération de la ZLECAf (Zone de Libre-Échange Continentale Africaine) est considérée comme le troisième pilier de ce nouveau deal. Une intégration commerciale plus poussée doit permettre de stimuler les échanges intra-africains, d’agrandir les marchés et d’attirer les investisseurs. « La ZLECAf a bien démarré, mais malheureusement les résultats sont encore faibles », a regretté le président ivoirien Alassane Ouattara, appelant à redoubler d’efforts pour en faire un moteur de croissance.

Par ailleurs, le forum a ouvert de nombreuses perspectives d’innovation. Les échanges ont mis en avant des sujets émergents comme la digitalisation de la gouvernance grâce à l’IA, la résilience des chaînes d’approvisionnement ou les nouveaux rôles du financement local à l’ère du déclin de l’aide étrangère.
Dans une table ronde dédiée, plusieurs dirigeants ont discuté de l’intelligence artificielle appliquée au secteur public, afin d’améliorer les services étatiques et la prise de décision. D’autres ont souligné l’importance d’outils financiers innovants (fintech, capital-investissement local) pour combler le recul des financements internationaux.
Enfin, la durabilité a traversé de nombreux panels : un échange sur le thème « les dirigeants plaident ensemble pour un développement durable » a mis en lumière que la résilience économique de demain reposera sur l’autosuffisance agricole, l’innovation financière, l’accélération du numérique et le développement industriel, selon une formule reprise par les participants.
L’idée directrice est que seul le secteur privé, par sa capacité d’investissement et d’innovation, peut actionner ces leviers structurants.
Pactes et engagements marquants
Au-delà des débats, l’édition 2025 a été marquée par plusieurs annonces d’accords et d’engagements concrets qui illustrent ce rapprochement public-privé.
Dès la cérémonie d’ouverture, le président Ouattara a appelé de ses vœux un partenariat renforcé pour affronter les défis actuels. « Afin d’augmenter la part des économies africaines dans la création de valeur ajoutée au niveau mondial, nous devons œuvrer au renforcement des échanges intra-africains à travers la transformation de nos produits et de nos matières premières », a-t-il déclaré, exhortant les pays à monter en gamme dans les chaînes de valeur.
Dans le prolongement de ce message, plusieurs accords stratégiques ont été signés en marge du forum. En Côte d’Ivoire, la Banque Nationale d’Investissement (BNI, acteur public) a conclu un partenariat de financement avec le Groupe Duval, un investisseur privé spécialisé dans l’immobilier et le développement urbain, afin de mobiliser des ressources pour des projets d’infrastructures et de villes durables.
De même, un accord de coopération économique Sud-Sud a été établi entre l’Agence de Promotion des Investissements Privés de Guinée (APIP-Guinée) et le Rwanda Development Board, marquant le début d’un partenariat ambitieux entre ces deux pays. Ces accords illustrent la dynamique de coopération interafricaine encouragée par le forum.
Côté investissements, des engagements notables ont été pris. La Société financière internationale (IFC), co-organisatrice du forum, a annoncé le doublement de son engagement en Afrique avec 13 milliards de dollars d’investissements prévus dès 2025 pour soutenir massivement le secteur privé et les PME.
« Nos minerais stratégiques doivent devenir des leviers de valeur ajoutée, pas seulement des produits d’exportation », a martelé Makhtar Diop, le directeur général de l’IFC, soulignant que la transformation locale des ressources est impérative pour créer des emplois.
Justement, la question de l’emploi a été abordée comme priorité absolue : Diop a chiffré l’objectif à 1,2 milliard d’emplois à créer dans le monde et appelé à « agir vite et ensemble », positionnant l’emploi comme un objectif en soi du développement, condition de stabilité sociale. Son message s’est conclu par un appel à un pacte renouvelé entre États et entreprises : « L’Afrique a les ressources, les idées et la paix. Il ne manque que la volonté collective pour faire de cette décennie celle de la transformation économique du continent », a-t-il insisté, enjoignant les parties prenantes à unir leurs volontés.
A ce propos, Dans le cadre de son engagement pour la montée en compétence des populations locales, PORTEO BTP développe actuellement un centre de formation aux métiers du BTP en Côte d’Ivoire.
Les travaux de construction des locaux sont en cours et l’ouverture des premières activités prévues courant 2026, avec une phase initiale de recrutement. Ce centre gratuit et accessible à toute la population ivoirienne vise à former aux différents métiers du BTP, contribuant ainsi à renforcer l’employabilité locale et à promouvoir le transfert de compétences.
Lors du CEO Forum, Gérard Kouassi a rappelé l’importance de ce projet, soulignant que la formation des jeunes talents est un pilier fondamental pour accompagner le développement du secteur en Côte d’Ivoire.

Notons également qu’en marge du forum s’est déroulé un événement inédit : un débat entre les principaux candidats à la présidence de la Banque africaine de développement (BAD), à quelques jours du vote de fin mai. Cette confrontation d’idées, rare dans un cadre non institutionnel, a témoigné de l’importance stratégique accordée à la BAD et de la volonté des dirigeants africains de peser sur son orientation future. Même si ce n’était pas un “engagement” au sens classique, ce débat a incarné l’esprit du forum : rassembler les décideurs autour d’enjeux communs et de visions pour l’avenir économique du continent.
Enfin, la présence de personnalités inattendues comme la star nigériane Davido – invité d’honneur culturel – a montré que le forum entend également promouvoir une image dynamique et positive de l’Afrique, en associant culture et affaires.
Chez PORTEO, nous croyons fermement que pour réussir à construire une Afrique prospère et souveraine, il est essentiel de promouvoir une culture de la rigueur et de la bonne gouvernance à tous les niveaux.
« Il est temps d’en finir avec le fatalisme et de prendre conscience de nos valeurs individuelles et collectives. Pour bâtir des infrastructures de qualité, attirer des financements et mener des projets à terme, nous devons être exigeants dans nos pratiques, nos décisions et nos engagements. »
Malick NDIAYE, Directeur Général PORTEO Group
Le développement de vertus et de principes de rigueur est fondamental pour assurer la réussite des initiatives africaines, car nos actes ont toujours des conséquences. Chez PORTEO, nous nous engageons à faire en sorte que ces conséquences soient positives, pour le bien de l’Afrique et des Africains. C’est cette vision qui guide notre action au quotidien et nous motive à continuer d’investir dans des projets porteurs de croissance et de transformation durable.

Secteurs clés impactés par le « New Deal »
Les échanges ont couvert un large spectre, mais certains secteurs stratégiques se sont détachés comme prioritaires dans ce nouveau paradigme public-privé. Tour d’horizon des domaines les plus concernés et des tendances spécifiques à chacun :
Infrastructures et intégration logistique
Le secteur des infrastructures (routes, corridors logistiques, ports, zones économiques) a été présenté comme le fondement du développement à venir. Un consensus s’est dégagé sur le fait que combler le retard en infrastructures permettra de stimuler le commerce intra-africain et d’attirer plus d’investissements.
Les projets d’infrastructures sont d’ailleurs exemplaires de la coopération public-privé : ils nécessitent l’appui de l’État (pour la planification, le foncier, la réglementation) tout en mobilisant des capitaux privés pour leur financement et leur exploitation. « Les projets d’infrastructures sont créateurs d’emploi et de richesse. Nous pouvons faire en sorte que les deux secteurs marchent ensemble », a souligné Cyril Ramaphosa en prônant une approche partenariale.
Concrètement, cela passe par des PPP dans la construction de routes transnationales, de chemins de fer, le développement de ports modernes ou de hubs logistiques. Par exemple, plusieurs intervenants ont cité la nécessité d’accélérer des projets comme le corridor Abidjan-Lagos, la modernisation des ports de Lomé et de Cotonou, ou la création de zones économiques spéciales connectées aux grands axes.
L’enjeu est de réduire les coûts de transport, d’améliorer la compétitivité et de favoriser la libre circulation des biens – autant d’objectifs en ligne avec la ZLECAf. Lors du forum, il a aussi été question de la mobilité intra-africaine des personnes : lever les barrières, notamment les visas entre pays africains, a été évoqué comme un facteur facilitant pour les affaires. En résumé, les infrastructures apparaissent comme un secteur où le « New Deal » se concrétisera par de grands chantiers collaboratifs, avec un impact multiplicateur sur l’emploi et l’intégration du continent.
La participation stratégique de PORTEO s’est illustrée lors du panel « De l’usine au port : pourquoi l’infrastructure est la clé de la révolution industrielle africaine » avec l’intervention de M. Gérard Kouassi, Directeur Général de PORTEO BTP CI. Il a rappelé l’importance de développer des infrastructures modernes pour désenclaver les régions, faciliter l’écoulement des productions agricoles et industrielles, et créer des emplois durables : « Développer des infrastructures logistiques en Afrique, c’est permettre aux régions de s’intégrer pleinement dans la dynamique économique, en valorisant les productions locales et en favorisant l’industrialisation. Chaque route, chaque port, chaque corridor est une promesse d’emploi et de croissance. »
À ce titre, PORTEO est fier d’avoir réalisé le projet de modernisation de la route reliant Abidjan au port de San Pedro, un axe stratégique pour l’exportation du cacao ivoirien. Ce projet a non seulement réduit les délais de transport de moitié, mais aussi permis de dynamiser l’économie locale grâce à l’essor des activités logistiques et commerciales.

Industrialisation et valeur ajoutée locale
La transformation industrielle de l’Afrique a été un leitmotiv du forum, intimement lié au thème de la réduction de la dépendance aux matières premières brutes. Dirigeants politiques et chefs d’entreprise ont martelé l’urgence de limiter l’exportation des matières premières non transformées et la dépendance aux importations de produits finis, en favorisant l’essor d’usines locales.
« Nos minerais stratégiques doivent devenir des leviers de valeur ajoutée, pas seulement des produits d’exportation », a insisté Makhtar Diop, rappelant que la richesse africaine en ressources minières doit servir à développer des filières industrielles sur le continent. Cela vaut tout autant pour les produits agricoles (cacao, café, coton, noix de cajou, bois…) que miniers (bauxite, fer, cobalt, pétrole).
Les participants ont salué les politiques industrielles incitatives mises en place par certains pays : par exemple, le Gabon a interdit depuis quelques années l’exportation de grumes de bois brut et développé des zones de transformation du bois (contreplaqué, meubles), créant ainsi des milliers d’emplois locaux – un modèle souvent cité en exemple. De même, le Bénin a investi dans une zone industrielle à Glo-Djigbé dédiée à la transformation de sa noix de cajou et de son coton sur place, plutôt que de les expédier bruts à l’étranger. Ces exemples illustrent la tendance à promouvoir le « Made in Africa » et l’industrialisation sur place.
Au forum, le président Ouattara a souligné la performance de la Côte d’Ivoire en la matière, grâce à une diversification économique accrue et l’émergence de champions nationaux dans l’agro-industrie et la manufacture. Il a encouragé la poursuite des efforts de transformation locale des matières premières pour augmenter la part de l’Afrique dans la chaîne de valeur mondiale. Le concept d’industries à valeur ajoutée est donc central : il s’agit de passer du statut de fournisseur de commodities à celui de producteur de biens intermédiaires ou finis. Plusieurs secteurs industriels prioritaires ont été mis en avant : la transformation agro-alimentaire (voir section Agroalimentaire), l’industrie pharmaceutique (pour sécuriser l’accès aux médicaments), la fabrication de matériaux de construction, sans oublier l’essor d’industries vertes (recyclage, équipements pour énergies renouvelables).
Des engagements ont d’ailleurs été pris qui s’inscrivent dans cette vision. En Guinée, on a annoncé durant le forum un investissement historique de 6,5 milliards de dollars par un consortium conduit par Rio Tinto pour développer les mines de fer du Simandou, accompagné de la construction d’infrastructures ferroviaires et portuaires associées. Cet investissement devrait générer près de 19 000 emplois directs et indirects et inclut des plans de développement local, traduisant l’importance d’intégrer les communautés locales à l’industrialisation du secteur minier. Autre illustration : l’entreprise marocaine OCP a récemment lancé des unités de production d’engrais en Côte d’Ivoire et en Éthiopie pour valoriser localement les phosphates africains en intrants agricoles, contribuant ainsi à l’autosuffisance agricole du continent. Toutes ces initiatives vont dans le sens d’une Afrique qui finit ses produits sur place, crée des emplois industriels qualifiés et réduit sa dépendance vis-à-vis des importations.

Dans cette dynamique de transformation industrielle locale, PORTEO s’est engagé à structurer un véritable pôle de production intégré en Afrique de l’Ouest, visant à réduire la dépendance aux importations de matériaux de construction et à générer de la valeur ajoutée sur place.
À travers ses entités industrielles, PORTEO déploie une chaîne de production maîtrisée en amont et en aval, incarnant concrètement l’esprit du « Made in Africa » promu par les dirigeants du forum :
- GRAVEL, notre société de concassage de granulats, opère déjà des carrières en Côte d’Ivoire et au Bénin, avec une extension planifiée au Gabon. Elle fournit des matériaux locaux de qualité aux chantiers de la sous-région.
- TECHNIC BÉTON, avec des centrales à béton réparties en Côte d’Ivoire et au Bénin, s’implantera également au Gabon prochainement, permettant une production de qualité, continue et adaptée aux projets d’infrastructures complexes.
- BSTEEL, notre unité de fabrication de structures métalliques et d’ouvrages en aluminium, est déjà active en Côte d’Ivoire, au Bénin et au Sénégal, contribuant au développement de filières industrielles locales dans le métal.
- BWOOD, spécialisée dans la menuiserie bois, est basée en Côte d’Ivoire, avec une capacité de production orientée vers les projets publics et privés à forte valeur architecturale.
- Enfin, notre entité BGLASS, récemment implantée au Bénin, vient compléter notre offre avec la production et la transformation de vitrages pour le bâtiment.
Cette structuration industrielle représente aujourd’hui plus de 1200 emplois directs, et un impact socio-économique fort auprès des communautés locales. Elle permet à PORTEO d’accélérer l’exécution de ses projets, de réduire les délais logistiques, et d’ancrer sa stratégie industrielle dans une logique de souveraineté régionale.
En cohérence avec les appels du forum à industrialiser le continent, notre modèle vise à faire émerger une industrie de transformation locale forte, compétitive et créatrice d’emplois durables.
Transformation digitale et capital humain
Le numérique et la transformation digitale ont occupé une place de choix dans les discussions, perçus à la fois comme un secteur économique à développer et un vecteur transversal de performance pour tous les autres secteurs. Plusieurs ateliers ont exploré comment l’intelligence artificielle (IA), la data et les nouvelles technologies peuvent aider l’Afrique à sauter des étapes de développement. Un terme marquant fut celui de « IA au service de la gouvernance » : l’idée que des outils d’IA peuvent améliorer la gestion des finances publiques, la distribution des services (santé, éducation) ou la transparence administrative.
Signe de l’importance du sujet, le président Ouattara en personne a exhorté la jeunesse africaine à se former aux nouvelles technologies, à l’innovation et à l’intelligence artificielle, convaincu que « l’Afrique a beaucoup de potentiel dans ce domaine ». La formation des talents locaux a donc été soulignée comme une priorité : il faut développer massivement les compétences en informatique, en ingénierie et en sciences, pour disposer d’une main-d’œuvre apte à créer et faire fonctionner les solutions digitales de demain.
Sur le plan des infrastructures numériques, les participants ont également appelé à investir dans des data centers africains, des réseaux internet haut débit et le déploiement de la fibre optique, pour combler le fossé numérique. Par exemple, il a été noté que plusieurs pays se dotent de centres de données de niveau mondial (le Ghana et le Nigeria ont inauguré récemment des data centers Tier III par des investisseurs privés), ce qui réduira la latence et sécurisera les données hébergées localement.
Des représentants du secteur privé ont partagé des initiatives inspirantes, telle que l’extension du réseau de câbles sous-marins et terrestres par des consortiums incluant des opérateurs africains, ou la montée en puissance de startups dans le cloud et les services en ligne.
L’ensemble de ces discussions traduit un optimisme quant à la capacité de l’Afrique à embrasser la révolution numérique. Toutefois, les dirigeants restent conscients des défis : nécessité d’améliorer l’accès à l’électricité, de réduire le coût d’internet, et de mettre en place des régulations adaptées (protection des données, fiscalité du numérique) pour accompagner cette transformation digitale.

Lors du forum, la participation stratégique de PORTEO a été remarquée lors de la table ronde sur la transformation numérique, avec l’intervention de M. Karim Benarras, Directeur Adjoint Porteo BTP. Il a rappelé que la souveraineté numérique est un enjeu majeur pour l’Afrique et que la formation des talents est essentielle pour garantir l’autonomie technologique : « La souveraineté numérique ne se décrète pas, elle se construit. Chez PORTEO, nous investissons non seulement dans les infrastructures de demain, mais aussi dans le transfert de compétences pour préparer les jeunes aux métiers du numérique. »

À ce titre, PORTEO est impliqué dans la construction de deux Data Centers Tiers III, l’un en Côte d’Ivoire et l’autre au Gabon. Les cérémonies officielles de pose des premières pierres ont déjà eu lieu, marquant le début de la phase stratégique d’études avant le démarrage des constructions. Ces centres de données permettront de renforcer la capacité locale de stockage, de réduire la dépendance aux infrastructures étrangères et de garantir une gestion souveraine des données. Parallèlement, un programme de formation en partenariat avec Cybastion prévoit la préparation de 1 000 jeunes Gabonais aux métiers du numérique.
Il s’agit de la première étape concrète de PORTEO pour développer le capital humain numérique dans le cadre de la diversification de ses activités vers la transformation digitale.
Agroalimentaire et sécurité alimentaire
La sécurité alimentaire et le développement de l’agro-industrie locale ont été identifiés comme un pilier indispensable de la résilience économique africaine. Les crises récentes (perturbations d’importations dues à la pandémie ou au conflit en Ukraine) ont rappelé la vulnérabilité de nombreux pays africains dépendants des importations de denrées de base.
Au forum, l’objectif d’autosuffisance alimentaire a été fortement mis en avant, rejoignant l’idée de transformer localement les produits. « Il faut investir dans l’agriculture… pour créer de la richesse et des emplois », a déclaré à ce propos le Premier ministre guinéen, Amadou Oury Bah, résumant qu’il faut “marcher sur ses deux jambes” du primaire et du secondaire en parallèle.
Concrètement, plusieurs dirigeants ont souligné l’importance d’améliorer les chaînes de valeur agricoles : augmenter la productivité des filières céréalières, horticoles et d’élevage, tout en développant l’agro-industrie (transformation des récoltes en produits finis ou semi-finis). Des exemples encourageants ont été partagés.
En Côte d’Ivoire, championne du cacao, l’implication du secteur privé a permis d’accroître la part du cacao transformé localement (poudre, beurre de cacao) au lieu de tout exporter en fèves brutes – créant plus de valeur et d’emplois dans le pays. En Sénégal, des entreprises privées ont investi dans des unités de transformation d’arachide (huile, pâte, aliments pour bétail) à la suite de mesures gouvernementales limitant l’exportation de l’arachide brute ; ceci a non seulement stabilisé l’approvisionnement du marché local en huile, mais aussi positionné le Sénégal comme exportateur de produits finis vers la sous-région.
Un autre aspect crucial est le stockage et la logistique agricoles : la construction de silos, entrepôts frigorifiques et meilleurs réseaux de distribution, souvent en partenariat avec des entreprises spécialisées, a été discutée pour réduire les pertes post-récolte et amener les produits du champ au marché dans de meilleures conditions.
En résumé, le forum a consacré l’idée que l’agriculture africaine ne doit plus être seulement de subsistance ou d’exportation brute, mais évoluer vers un véritable secteur agro-industriel intégré, appuyé par des investissements privés dans toute la chaîne de valeur, pour garantir la sécurité alimentaire du continent.

Dans cette dynamique continentale de souveraineté alimentaire, PORTEO initie au Togo le projet “PAO – Poulet Afrique de l’Ouest”, une initiative agro-industrielle destinée à structurer une filière avicole intégrée 100 % locale, de la production à la commercialisation.
Actuellement en phase de conception avancée, le projet entrera en construction au second semestre 2025. Il comprendra :
- Un couvoir industriel pour assurer l’autonomie en poussins d’un jour,
- Un abattoir moderne, aux normes internationales, pour le traitement et le conditionnement,
- Une usine de production d’aliments de bétail pour sécuriser l’amont de la filière,
- Et un réseau structuré de fermes d’élevage, pour la production de poulets
À pleine capacité, PAO vise une production annuelle de 25 millions de poulets, destinée à répondre à la demande locale en protéines animales tout en réduisant la dépendance aux importations de volaille congelée.
Ce projet incarne pleinement la vision défendue lors du CEO Forum : valoriser les ressources agricoles nationales, créer des emplois ruraux qualifiés, et bâtir une industrie agroalimentaire africaine compétitive. PAO s’inscrit ainsi dans une stratégie long terme de sécurité alimentaire durable, portée par un acteur privé africain pleinement engagé dans le développement des territoires.
Énergie et transition énergétique
Le secteur de l’énergie a été un autre domaine transversal abordé de manière stratégique, tant pour répondre aux besoins actuels qu’en vue de la transition climatique. L’accès à une énergie fiable et abordable est en effet une condition sine qua non pour l’industrialisation, la digitalisation et même la transformation agroalimentaire discutées précédemment. Sur ce point, les participants ont convenu que les investissements privés seront indispensables pour compléter l’action des États et combler le déficit énergétique en Afrique.
Le Vice-Président de la Mauritanie, évoquant un vaste programme énergétique national, a ainsi appelé le secteur privé à prendre sa part dans les projets d’énergie, citant un projet mauritanien nécessitant 1,25 milliard de dollars d’investissement. Cet appel illustre le rôle croissant des producteurs indépendants d’électricité (IPP) et des financements innovants (fonds d’investissement verts, partenariats avec des majors pétrolières diversifiant dans le renouvelable) pour développer les capacités de production.
Deux axes ont émergé : d’une part, accélérer l’exploitation durable des ressources fossiles existantes pour générer des revenus locaux et de l’électricité (par exemple le gaz naturel au Sénégal, en Mauritanie, en Tanzanie, qui fait l’objet de projets gaziers intégrant des compagnies privées internationales et nationales) ; d’autre part, investir massivement dans les énergies renouvelables (solaire, éolien, hydroélectrique, biomasse) pour préparer l’avenir bas-carbone.
Des réussites inspirantes ont été citées, comme le parc solaire de Blitta au Togo – l’une des plus grandes centrales solaires d’Afrique de l’Ouest, construite en partenariat public-privé avec une entreprise indépendante (AMEA Power) et qui alimente des centaines de milliers de foyers. Au Sénégal, les centrales solaires de Bokhol et de Diass, développées par des IPP étrangers en collaboration avec la SENELEC (société nationale d’électricité), fournissent désormais de l’énergie propre à bas coût, démontrant la viabilité du modèle. En Côte d’Ivoire, le projet de centrale biomasse à Ayébo (porté par une entreprise privée ivoirienne avec soutien public) va convertir des déchets de palmier en électricité, combinant résolution d’un problème environnemental et production énergétique.
Le forum a aussi mis l’accent sur le besoin d’infrastructures énergétiques régionales : réseaux électriques interconnectés, pipelines et terminaux gaziers, pour une approche mutualisée. Ces projets, coûteux et complexes, devront s’appuyer sur des consortiums public-privé et des financements de banques multilatérales.
En résumé, le New Deal énergétique esquissé à Abidjan repose sur un double mouvement : mobiliser l’investissement privé pour électrifier l’Afrique maintenant (mix d’énergies conventionnelles et renouvelables, extension des réseaux, solutions off-grid innovantes), tout en orientant progressivement ce potentiel financier vers la transition verte. Le tout avec un fort accent sur la création de valeur locale (contenu local dans les projets, partenariats avec des entreprises africaines) afin que l’Afrique tire pleinement parti de ses ressources naturelles et de son ensoleillement abondant.

Dans le contexte actuel marqué par la hausse des coûts et la pression environnementale, PORTEO BTP a décidé de prendre des mesures concrètes pour optimiser l’économie d’énergie sur l’ensemble de ses chantiers. Cette démarche est devenue un axe stratégique fort de notre politique de gestion responsable.
Des actions concrètes pour l’efficacité énergétique : nous avons mis en place un barème précis de consommation horaire par engin, adapté au type d’opération (démolition, BAH, extraction, terrassement sur sol dur ou meuble) et aux réalités du terrain. L’objectif est clair : éliminer les consommations incontrôlées en instaurant une discipline rigoureuse dans la gestion énergétique des machines.
Recyclage des matériaux de démolition: Au Bénin, par exemple, tous les matériaux issus de la démolition de produits en béton sont réutilisés directement sur site. Une fois concassés, ces matériaux sont transformés en béton recyclé qui remplace la GNT (Grave Non Traitée). Ce choix présente de multiples avantages :
- Réduction de la consommation de carburant en supprimant les transports longue distance (jusqu’à 180 km).
- Diminution de l’empreinte carbone globale du chantier.
- Réduction des besoins en granulats naturels.
Pilotage intelligent des engins: toujours dans la but d’améliorer l’efficacité énergétique, nous préparons une collaboration étroite avec les constructeurs d’engins afin de suivre en temps réel les modes d’utilisation, détecter les pratiques dangereuses ou énergivores et promouvoir l’éco-conduite.
Notre priorité suivante est la rationalisation énergétique de nos installations de chantier (groupes électrogènes, éclairage, consommation d’eau et d’électricité). Nous identifions les postes les plus énergivores et déployons des solutions durables.
Chez PORTEO BTP, l’économie d’énergie n’est pas un simple slogan, mais une démarche concrète et mesurable, intégrée dans notre quotidien. En parfait alignement avec les tendances discutés au CEO Forum, cette approche responsable nous permet non seulement de réduire notre impact écologique, mais aussi de renforcer notre position en tant qu’acteur engagé pour des chantiers plus durables et plus respectueux de l’environnement.
Conclusion
En définitive, le rapport de force économique en Afrique est en train de changer d’équilibre, et l’Africa CEO Forum 2025 en a été le témoin privilégié.
Les États africains affichent une volonté sans précédent de collaborer étroitement avec le secteur privé pour relever les défis majeurs de la décennie : combler les retards en infrastructures, industrialiser les économies, assurer la sécurité alimentaire, former la jeunesse aux métiers du futur et réussir la transition énergétique.
Ce “nouveau pacte” n’est pas qu’un slogan – il s’accompagne de décisions concrètes, de financements et d’initiatives qui commencent à transformer le paysage économique du continent. Le forum d’Abidjan a montré des dirigeants résolus, un secteur privé africain en pleine confiance, et des partenaires internationaux prêts à soutenir ce mouvement. S’il reste de nombreux obstacles sur la route (instabilités politiques ponctuelles, contraintes budgétaires, compétition mondiale féroce), l’ambiance générale était à l’optimisme pragmatique : chacun mesure l’ampleur du travail, mais tous voient dans l’Afrique une terre d’opportunités unique où peut s’inventer un modèle de croissance nouveau, plus autonome et plus inclusif.
La participation de PORTEO au CEO Forum 2025 a permis de partager notre vision d’une Afrique souveraine et connectée. En mettant en avant nos projets d’infrastructures, de transformation numérique et de formation, nous avons affirmé notre rôle de partenaire stratégique pour le développement panafricain. À travers nos initiatives, nous prouvons que l’Afrique peut devenir un acteur mondial en construisant ses propres infrastructures et en valorisant ses ressources locales.
L’Africa CEO Forum 2025 s’est refermé sur une note d’espoir et de défi lancé : « It’s time to strike a new deal », le moment est venu pour l’Afrique de jouer sa nouvelle partition en associant intelligemment pouvoirs publics et secteur privé. Les tendances dégagées à Abidjan servent désormais de feuille de route aux décideurs du continent pour, ensemble, rebattre les cartes en faveur de l’Afrique.